samedi 15 septembre 2007

La Chambre


LOUISE DU NEANT

Essai mythobiographique V.

J’ai vécu à une heure de marche de Louise, certes, il aurait fallu passer à travers champs , mais de l’Arcison au Layon de moulin en moulin je vais vite ignorant les griffures car je crains que la toute jeune femme au petit short noir arrive à m’oublier avant d’arriver à Cornu… ( diable !)

Louise a quatorze ans et l’habileté de ses doigts comble son divin époux ; qui dira la puissance érotique de l’expression même de « fréquente communion » ? Il lui arrive même, lorsqu’elle est très humide et qu’une goutte se forme, de communier sous les deux espèces, quand le majeur s’égare. Louise a maintenant sa chambre, elle eût préféré un réduit de domestique, près de la soue, pour se laisser aller aux extases un peu bruyantes sans faire ricaner son frère, mais sa mère ne l’a pas voulu. Sa chambre minuscule a été aménagée sur un palier, presque sous la toiture et la petite ouverture sans vitre laisse pénétrer une belle lumière qui se voile un peu lors des visites nuptiales ; c’est du moins ce qu’il semble à Louise qui passe alors d’un meuble à l’autre et ses deux seuls meubles sont un prie-dieu et le bas-flanc où elle se précipite sans cesser son oraison. Louise continue sa croissance et est de plus en plus belle. D’ailleurs l’abbesse de Saumur ne cessait de le lui répéter. Il lui paraît aujourd’hui que les mois et les années s’écoulent comme une succession d’extases inquiètes qu’elle n’a pas méritées.