vendredi 31 août 2007

Le baptème de Louise

LOUISE DU NEANT

Essai mythobiographique IV.

Deux flèches me viennent à l‘esprit, celle qui désigne le Mont-Glonne et celle qui plonge des hauteurs du Layon sur le Poitou de la Petite Église (qui dira la contribution à l'histoire de l'humanité des panneaux financés par la famille Michelin ? En tous cas la forme exacte des flèches opposées de ces précieux totems de fonte à la gloire du dieu caoutchouc fait partie de ma topographie onirique). Des dizaines de lieues d’un massif schisteux où depuis les siècles on guette le Picte, on guette le Romain, l’Arien, on guette le Maure, le Huguenot, l’Autre... L'Autre, à peine humain, tant il est semblable à vous ; l'autre qu'il faut convertir ou tuer, d'ailleurs il veut vous tuer, d'ailleurs il vous tuera, ce barbare, à moins que la divinité ne vous protège. Ainsi au cinquième au neuvième et dixième siècles, puis aujourd’hui depuis la fin du Concile de Trente, la divinité exige pour être là, sur la hauteur, de nouveaux sacrifices humains.


Louise fut relevée doucettement et conduite près de la révérende mère qui bien qu’apaisée par les services intimes qu’elle venait d’échanger avec la novice, conservait un reste d’excitation. L’abbesse n’était pas dupe, tout dans l’attitude de la fillette indiquait que des mains de mâles s’étaient posées sur elle ; tout cela était occulté, oblitéré, la moniale savait trop bien que penser des pères, des frères et de la promiscuité qui régnait dans les ruelles conjugales de ces seigneurs mi-paysans, mi-hobereaux toujours entre deux vins. Mais il fallait se montrer réaliste, le jésuite arrivait et cette petite n’était pas baptisée, juste ondoyée, elle serait sacrifiée et le sectateur d’ Ignace irait désormais s’occuper des manants, laissant l’abbaye à sa contemplation et à ses moiteurs.

Le dimanche, la mission commença donc par le baptême de Louise en la chapelle de l’abbaye, Louise avait les mains liées et il avait fallu l’amener de force, mais malgré cela elle essaya de mordre la main poilue qui lui ôta son mouchoir de col pour lui apposer l’onction ; le jésuite tremblait d’excitation et de colère et son «... et spiritus sancti » résonna comme une imprécation. Le soir même Louise eût ses premières règles et l’hilarité que cela provoqua la fit sombrer dans une aphasie totale pendant plus d’un mois.

La mission était alors terminée, le jésuite avait convenablement terrorisé le village, confessé trois cents âmes, jeté la suspicion sur deux « sorcières » finalement acquittées, brisé sur son genou quelques baguettes blanches et il emmenait avec lui ... Louise et deux autres jeunes filles qu’il s’était engagé à remettre aux franciscaines de Saumur dont la supérieure, dit le biographe, « avait négligé de dompter ses passions et d’acquérir les vertus que son état demandait. » Elle en usa pendant un an puis la renvoya au Tronchay. Louise se considérait désormais comme épouse du Christ. Mais au manoir, cela n’arrangeait pas ses affaires.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

merci pour intiresny Dieu